« On est perdus, Monsieur le Député, on n’y comprend plus rien ! Elle sert à quoi la Région ? Et pourquoi on vote deux fois le même jour ? Et c’est qui les candidats ? Pourquoi certains sont quatre et d’autres des listes entières ? »

Voici, en résumé, les phrases que j’ai le plus entendues ces derniers jours. Que ce soit en visitant les commerçants, comme ce matin à Maizières-les-Metz, ou dans des échanges au porte-à-porte, tout au long de la semaine passée.

Le résultat des scrutins d’hier est très net : les Françaises et les Français s’en sont désintéressés. C’est vrai à tous les âges. C’est vrai pour toutes les familles politiques. C’est vrai de toutes les catégories socioprofessionnelles. Lorsque seuls deux électeurs sur dix se rendent aux urnes, c’est tout notre système qui est questionné ; c’est notre démocratie qui est ébranlée.

La responsabilité est collective. Qui s’attache vraiment, dans une campagne électorale, à faire de la pédagogie ? Qui n’endosse que ses propres compétences, sans chercher à se prévaloir de trouver des solutions à tous les problèmes ? Qui parvient, avec des mots simples, à rendre concrète notre réalité institutionnelle et l’organisation de notre République ?

Mais la responsabilité est aussi ailleurs. Dans la sortie de crise, avec des Français qui ont d’autres préoccupations que d’élire leurs représentants. Dans une campagne électorale adaptée à la réalité sanitaire, qui limite les contacts avec les citoyens. Quelques repères stables ont aussi explosé, comme celui de recevoir à son foyer les professions de foi et les bulletins de tous les candidats. Et puis, force est de reconnaître que le Grand Est, ça ne parle à personne …

Certains, parce qu’ils sont solidement en place, ont des intérêts à maintenir cette complexité, pour ne miser que sur quelques-uns dont le vote est acquis. Pourtant, la démocratie n’est pas l’affaire de quelques-uns, c’est l’affaire de tous !

Aussi, j’en appelle à un sursaut républicain pour le second tour, organisé dimanche prochain. Toutes et tous doivent pouvoir se sentir concernés, comprendre les enjeux et prendre part à la décision collective.

J’en appelle également à une simplification de nos opérations de vote. A l’heure du numérique, notre système est coûteux, archaïque et particulièrement onéreux. Même établir une procuration est un parcours du combattant !

Enfin, même si je ne suis pas partisan d’une improbable 6ème République, je crois que le chemin pour simplifier et donner du tonus à nos institutions est encore long, mais indispensable.

Quand la nationalité française m’a été conférée, une de mes plus grandes fiertés fut de participer au vote. Il me faisait sentir pleinement Français, en phase avec l’histoire républicaine et riche d’un pouvoir pour lequel tant d’autres luttent dans le monde.

J’aimerais, à l’issue des nombreux mois difficiles que nous avons passés, au cours desquels la solidité de notre corps social a été éprouvée, que chaque Française et chaque Français en prenne pleinement conscience.

« La République affirme le droit et impose le devoir ».
Victor Hugo, 1884.