En 1996 et 1997, pendant une quinzaine de mois, j’ai perçu le revenu minimum d’insertion, l’ancêtre de notre RSA d’aujourd’hui. Filet de sécurité lorsque l’on est dans le besoin, expression de la solidarité nationale vers les plus précaires, je n’ai pas honte de dire que j’en ai eu besoin, et qu’il m’a aidé à rebondir.

Aujourd’hui, député de la République, je n’aurai de cesse de défendre cet acquis social, ce droit minimal de ceux qui en ont si peu.

Et dès lors, je m’étonne et je m’inquiète quand, à coups de pétitions ou de posts énervés, certains nous reprochent, me reprochent singulièrement, d’avoir voté la semaine passée les primes exceptionnelles aux familles les plus modestes.

Soyons justes et factuels ! Quel est notre constat ?
Les coûts s’additionnent pour certaines familles : assurer trois repas par jour, quand les enfants mangent habituellement à la cantine ; l’alimentation coûte plus cher, quand le confinement nous empêche de parcourir plusieurs kilomètres vers les supermarchés les moins chers ; la scolarité des enfants nécessite, quand c’est possible, des cartouches d’imprimantes, des connexions à internet ; les communications téléphoniques pour s’enquérir de ses proches peuvent coûter cher …
En face, nous proposons 250 euros pour les familles au RSA ou à l’ASS, 100 euros pour les familles percevant l’APL, avec une complément de 100 euros par enfant. Versés en une seule fois.

Pour nos concitoyens qui travaillent, c’est par le chômage partiel que la solidarité nationale se manifeste. 24 millions d’entre-eux sont concernés par la mesure, au titre de laquelle les revenus au SMIC sont versés intégralement.

Cette querelle est ancienne. Elle n’a pas attendu la crise pour se manifester. L’essence même de notre projet politique est de favoriser le travail, par la prime d’activité, les heures supplémentaires défiscalisées et sans cotisation sociale, la prime mise en place par le Président de la République, la hausse des salaires nets grâce à l’allègement des prélèvements.

80% des Français imposables ont également vu disparaître leur taxe d’habitation.

Mais permettre aux plus modestes de faire face à des dépenses imprévues, c’est également nécessaire et vital, pour ne grandissent pas encore davantage les trappes à pauvreté. Savez-vous que 36% des personnes, qui y seraient éligibles, ne demandent même pas le RSA ?

Comme tous, j’espère que cette crise nous aidera à repenser notre modèle de société, sur deux jambes : le travail qui paie et vers lequel le plus grand nombre converge, mais également la nécessaire solidarité avec ceux qui n’y ont pas accès. Sans que l’un ne concurrence l’autre, mais aussi sans que les uns ne brocardent les autres.

Le Président de la République l’a souligné à plusieurs reprises : la Nation est forte si elle est unie.
Et s’unir face à ce dangereux virus, c’est également nous prémunir collectivement contre nos vieux travers, nos sempiternelles querelles.

N’oublions jamais que « la richesse est la pierre d’achoppement de nos passions ; la pauvreté est celle de nos besoins ».