Retrouvez le texte intégral de ma question au Gouvernement, sur la situation politique en Algérie Mercredi 6 mars 2019
Ma question s’adresse à Monsieur le Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. J’y associe ma collègue Fadila Kattabi, présidente du groupe d’amitié France – Algérie.
L’Algérie vit actuellement un moment historique, à la suite du maintien de la candidature du président Bouteflika pour un cinquième mandat. Elle entraîne des manifestations nombreuses et massives, partout dans le pays. Une quinzaine de journalistes ont été interpellés et détenus la semaine passée, parce qu’ils dénonçaient la censure par le pouvoir algérien.
Cette expression populaire, pacifique, me semble plutôt une bonne nouvelle. Elle n’exprime pas seulement le refus d’une candidature du Président sortant. Elle re- met en cause un étouffoir organisé par le régime.
Je me sens solidaire du peuple algérien. Je crois que notre Représentation nationale est sensible à son aspiration démocratique.
Face à la situation, faut-il être embarrassé ? Faut-il être inquiet ? Faut-il être prudent, en raison des risques de débordements et à la perte de contrôle de la situation. Je ne le crois pas.
La période de guerre civile des années 90 est encore dans toutes les têtes. J’ai vécu cette période tragique. Celle de l’arrêt du processus électoral en décembre 91. Celle des assassinats de policiers, de journalistes, et de nombreux citoyens algériens.
On ne peut rester indifférent à ce que dit ce peuple ami, à sa jeunesse qui a soif de démocratie.
Les relations entre nos pays sont complexes, passionnelles… L’Algérie est un partenaire essentiel de la France. Toutefois, la démocratie n’est pas négociable. Elle fonde un édifice de confiance entre un peuple et ses représentants.
La France doit regarder ces réalités et ces aspirations. Il ne lui appartient pas de faire ingérence, mais il lui revient de s’exprimer. De s’extraire des pièges post-coloniaux, des difficultés mémorielles pour ouvrir de nouveaux horizons. De parler au peuple algérien, qui ne revendique rien d’autre que de pouvoir choisir son avenir et ses représentants. Et cette revendication est universelle.
Le Président Mitterrand soulignait que « la liberté et la démocratie exigeaient un effort permanent. Impossible à qui les aime de s’endormir ». Aussi, certain que Paris n’est pas endormi, je souhaiterais, Monsieur le Ministre, connaître la position du Gouvernement sur ces événements politiques en Algérie.